Créé au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique avec dix élèves de la promotion sortante, Hôtel du Brésil a été écrit collectivement à partir de deux cents récits de rêves.
Un travail rigoureux sur le silence et la durée, appuyé par une scénographie minimaliste mais pharaonique d’Antoine Dusollier et une musique de scène de Daniel Monge pour quatre pianos placés hors de la salle à des points différents, permettait une dilatation du temps et de l’espace et un brouillage progressif des codes de la narration, et plongeait le public dans l’atmosphère même du rêve, parfois dangereusement proche de la réalité.
“Cette création collective explore une forme de récit labyrinthique et s’interroge également avec malice sur la réception un peu particulière de son public. […] Dans cette représentation expérimentale, les comédiens malmènent notre esprit cartésien. Nous croyons trouver un sens à cette série de sketches, mais au final, nous sommes parfaitement déboussolés.
Sur scène, l’interprétation est riche, du joyeux au grave, où le regard enfantin croise celui de l’adulte, où les thèmes de la sexualité, du parricide et de l’inceste sont abordés avec un ton souvent parodique. L’écriture scénique surprend également avec ces rideaux de baignoire qu’on arrache, ces accessoires insolites qui forment d’autres ouvertures dans l’espace. […] L’épilogue est un tel feu d’artifices qu’au moment où l’une des comédiennes de la troupe nous invite à prendre un verre, le public hésite encore si la question relève d’une nouvelle expérimentation ou bien de la réalité…”
Laetitia Heurteau, «Rue du théâtre»